«Centres fermés», dit l'un. «Structures fermées», réplique l'autre. Face à la délinquance des mineurs, les deux principaux candidats à l'élection présidentielle brandissent des remèdes qu'ils avaient l'un et l'autre écarté lors d'arbitrages pas si lointains : en 1995 pour Jacques Chirac ; en 1999 pour Lionel Jospin. Les professionnels qui se frottent tous les jours aux jeunes délinquants écoutent les slogans, «tous ces mots dont on ne cherche même pas à définir le sens», regrette Manuel Palacio, président de l'Association française des professionnels de l'éducation en lien avec la justice (AFPEJ).
«Sortir d'une lecture policière»
Ils n'attendent même plus un vrai débat. Ils ont décidé de l'organiser eux-mêmes, autour du «manifeste pour une réforme» dont ils avaient lancé l'idée l'an dernier. Educateurs, directeurs de foyers classiques ou de centres d'accueil d'urgence, responsables de services départementaux ou régionaux à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), ils veulent devenir une force de proposition, pour ne pas laisser le champ libre à «toutes les confusions et toutes les démagogies». Et l'ont réaffirmé lors d'une journée de rencontre, vendredi à la Défense.
«A cinq semaines des élections, le consensus c'est : é-li-mi-ner. C'est un peu court. D'où l'importance d'une démarche comme la vôtre. Les travailleurs sociaux peuvent permettre de sortir d'une lecture policière des événements, les encourage Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobig