On ne lira plus dans le Figaro ces tribunes apocalyptiques qui y fleurissaient pendant la bataille du Pacte civil de solidarité (Pacs). «Les prosélytes de l'homosexualisme proposent un modèle d'intolérance vécu comme une insulte par des couples hétéros normaux pour lesquels le mariage correspond avant tout à une certaine manière d'élever les enfants et de les garantir contre ces fléaux modernes que sont le sida ou la pédophilie», écrivait, le 25 septembre 1998, l'historien Emmanuel Le Roy Ladurie. Même Christine Boutin a fini par comprendre que son appellation «les personnes homosexuelles» avait un petit air dégoûté. «Dites "les pédés"», lui a conseillé un journaliste d'Europe 1.
Personne ne saurait dire si le Pacs a rendu la France moins homophobe, mais plus aucun député ne se risquerait à proposer un enregistrement des Pacs dans les services vétérinaires, comme l'avait fait le chiraquien Dominique Dord, le 8 novembre 1998. «Le progrès des lois a disqualifié tout discours politique ouvertement discriminatoire», reconnaît le sociologue Eric Fassin (1). «L'homosexualité est éventuellement acceptée comme option individuelle ou relationnelle, mais à condition de rester stérile», analyse le démographe Michel Bozon.
«Vie, folie, mort». L'inquiétude s'est déplacée sur le terrain de la filiation, de l'enfant, domaine réservé des «experts». Désormais, il faut maîtriser les concepts anthropologiques et psychanalytiques pour comprendre de quoi on cause. Ça vole plus hau