Vitry-sur-Orne (Moselle) envoyée spéciale
Ce sera «Arlette» ou Hue. Xavier Phan Dinh, 48 ans, sidérurgiste, syndicaliste CGT, résident de Vitry-sur-Orne, hésite. Argument en faveur d'«Arlette» : «Elle condamne franchement le capitalisme.» Plaidoyer pour Robert Hue : «En donnant le maximum de voix à la gauche plurielle, on peut peut-être peser un peu plus sur le gouvernement.» Contre Hue : «Les communistes, on ne les voit plus nulle part, ni dans le quartier, ni à l'usine.» Alors que du côté d'«Arlette» : «Les gars de LO distribuent un bulletin tous les quinze jours. Leur analyse est assez caricaturale mais, au moins, ils condamnent de façon ferme et définitive le système.» Xavier Phan Dinh secoue la tête : «En tout cas, plus jamais je ne voterai socialiste.» En 1988, il a rendu sa carte du PCF, quand le parti a appelé à voter Mitterrand. Depuis, au second tour, il vote blanc. Il n'a pas digéré la liquidation de la sidérurgie lorraine par ceux-là même qui, pensait-il, devaient la sauver : «En 1982, dans mon entreprise [Ispat Unimetal], il n'y avait pas loin de 10 000 salariés. Aujourd'hui, on est 1 000.»
«Ça me tue». Longtemps, le coeur de Vitry-sur- Orne, 2 332 habitants dont 75 % d'origine ouvrière, a vécu au rythme de la sidérurgie mosellane. Aujourd'hui, les cheminées dressent vers le ciel leurs colonnes inutiles. Le tertiaire a pris le pas sur l'industrie. Reste l'amertume. En 1995, Le Pen est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, devant Jospin et Hue. Voici