Les morts, tout le monde les connaissait. De près ou de loin. Aujourd'hui, leurs copains font de la prévention pour eux. C'était leur frère, leur ami, leur voisin. Ils se sont tués, la même année, chacun de leur côté, sur la route. En faisant la course, sans casque, en rentrant de vacances, en tentant d'échapper aux policiers après avoir conduit toute une nuit, après une soirée arrosée en boîte de nuit. En voiture, à moto, à scooter. Souvent trop vite. Parfois trop saouls. Des conduites que la prévention routière range pudiquement dans la catégorie des «comportements à risque».
A Saint-Fargeau-Ponthierry (Seine-et-Marne), on a compté sept décès en un an en 2000, pour 12 000 habitants. Sept morts, échelonnés entre 17 et 27 ans.
«Arrête, je t'ai vu.» Cheveux courts, chemisettes, aujourd'hui, les photos de ces morts illustrent, avec de petites croix, un prospectus bleu ciel intitulé Permis de vivre. Avec une phrase : «Aujourd'hui ton copain», et une question : «Qui demain ?» Ces «permis», plusieurs jeunes les distribuent à ceux qu'ils voient sans ceinture, sans casque. Alice-Anne a perdu son frère sur la route. Elle vit avec «ça» tout le temps. Elle précise : «Je me dis que j'aide les gens.» Puis : «C'est un hommage que je lui rends.» Chantal, sa mère, se sent «en mission». Elle dit : «On voit des choses hallucinantes.» En sortant d'un concert, un soir, trois personnes titubent devant leur voiture. La première n'arrive pas à introduire la clé dans sa portière. Ch