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Interview

Marie-Hélène Bourcier, sociologue et militante féministe :«S'approprier la masculinité».

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publié le 29 mars 2002 à 22h44

Quand elle a vu, le 8 mars, Lionel Jospin entouré de «2002 femmes», elle a pensé à la «figure classique du harem». Sociologue, Marie-Hélène Bourcier se dit féministe prosexe et queer (1). Comme les étudiants américains, elle porte un sweet-shirt à capuche aux couleurs de Princeton, université du New Jersey. C'est aux Etats-Unis qu'elle est allée trouver de nouvelles approches du genre et des sexualités auprès de théoriciennes comme Monique Wittig ou Judith Butler.

«Rien n'est naturel». En France, les féministes sont toujours aussi «mal vues», sauf quand leurs engagements s'érigent en conquête présidentielle. «Jospin sort avec sa prothèse féministe, sa femme», dit-elle. Elle reproche au couple-candidat de défendre un «féminisme conservateur» qui fait de la femme un éternel féminin, doté de qualités spécifiques (douceur, compréhension, pragmatisme...). Elle, ne se dit pas «femme» mais «gouine», avec «le côté pas gentil» absolument revendiqué. Une façon de remettre en cause les oppositions et inégalités homme-femme, hétérosexualité-homosexualité. «On veut nous faire croire que du sexe biologique découle le genre, dit-elle. Mais dès qu'il y a dissonance entre le sexe et le genre, comme chez un garçon efféminé, ça ne va pas. Si un garçon peut prendre le genre féminin, cela prouve que rien n'est naturel.» Ainsi des femmes qui se teignent en blondes. «Regardez tout ce qu'il faut faire pour être une femme. "Soyez naturelles", disent les pubs pour les produits colorants. Tout cela pou