L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse) envoyée spéciale
C'est jour de marché. Ça sent l'olive et le poulet rôti. Près des fraises, Nicolas, le bouquiniste, installe ses livres devant la Presqu'île, sa boutique. La politique, ça l'a toujours intéressé, mais là... «Il n'y a pas de souffle, pas de projet, rien ! C'est une campagne bof... D'ailleurs, les gens en parlent avec détachement. Mais si tout le monde renonce, si on tombe dans le "tous pareils, tous pourris", ce sera pire !» Avec ses amis proches, et seulement avec eux, il peut «dépasser les clichés sur la sécurité, style "les voyous sont dans les rues" ou "la police arrête les délinquants et les juges les relâchent tout de suite après". Les gens réclament une justice expéditive "tu commets un crime et allez hop, tu payes le lendemain "! D'autres parlent de rétablir la peine de mort, comme si cela allait arranger les choses». Lui, son problème est ailleurs. «Comment se mobiliser sur des slogans aussi creux ? En gros, le message c'est "on continue comme ça, on gère et voilà !"» Il ira voter sans hésitation pour Olivier Besancenot, le candidat de la LCR, «qui est intellectuellement très proche de [ses] idées». Au second tour, ce sera la gauche. Jospin : «Sans aucun enthousiasme. C'est triste ! Dans le passé, on a cru à des choses ! Et à la longue, le désenchantement, c'est très dangereux.»
«Dérision». Un couple achète des livres. «Pas de chance, sourit la femme, nous sommes des Belges ! Mais mon mari a des choses à dire !» Jean-Mar