Déclinant ses grands thèmes de campagne le 14 mars, sur France 2, Jean-Marie Le Pen s'est prononcé pour une «coopération internationale de la France, particulièrement avec l'Afrique, [notre] ancienne zone d'influence». De tous les candidats, le patron du Front national est le seul à avoir publiquement évoqué le continent noir. Un comble, même si l'on sait que sa prise de position n'est qu'un subtil mélange de provocation et d'imposture démagogique visant à élargir sa base électorale. Qui peut prendre au sérieux l'offre politique «africaine» d'un leader dont le parti a toujours fait de la «chasse aux étrangers» un ses principaux fonds de commerce ? Mais le fait est là : à moins de trois semaines du premier tour, aucun des candidats n'a fait la moindre allusion à la question de l'immigration. Comme si le sujet était passé de mode. Le filon reste pourtant très tentant, et dans une campagne électorale très «francocentrée», il est exploité sous son cache-sexe : l'insécurité.
Thème récurrent que tous s'arrachent, l'insécurité est une façon de pointer du doigt l'immigration sans en parler, tant les quartiers mis en exergue sont majoritairement habités par des Français d'origine étrangère. Et quand la télévision y filme des scènes de violence ou de délinquance, ce sont toujours des têtes africaines noires ou arabes que l'on donne en pâture à l'opinion. C'est l'immigration présentée sous ses plus vilains traits. Pas étonnant donc que les postulants à la présidence prennent leurs d