Monsieur le Président,
Lynne et moi, nous nous aimons et vivons ensemble depuis quatre ans. Moi, je suis comme vous, de France, et elle est américaine. Nous sommes deux femmes qui nous aimons. Nous sommes un couple homosexuel et binational. Nous habitons en Californie pour avoir un enfant comme nous le décidons, et non comme vous l'interdisez. Mais c'est en douce France que nous voulons vivre, et en douce France que nous rentrerons l'an prochain. Alors quelles douceurs pour les enfants que nous aurons peut-être et pour nous ? Rendez-vous compte que la parentalité gay et lesbienne est déjà une réalité, et qu'il est grand temps de l'inscrire dans une réalité juridique et sociale. Bien sûr, l'intérêt de l'enfant est primordial, c'est agaçant cette idée absurde qui voudrait que l'intérêt de l'enfant soit une priorité exclusivement hétérosexuelle. Pensez-vous sincèrement qu'un couple, par le seul fait d'être hétérosexuel, dispose d'un trésor d'amour que Lynne et moi n'aurions pas ? Alors, monsieur le Président, voici ce à quoi nous aspirons : un droit au séjour en France sans restriction pour ma compagne (le Pacs que nous avons conclu ne l'y autorise pas), et l'accès à l'adoption, à la procréation médicalement assistée et à la coparentalité pour les couples homosexuels. Et ça m'ennuie quand la gent bien-pensante me sermonne : «Tu exagères, les droits des homosexuels ont bien avancé !» Je ne veux pas de droits spécifiques, qu'ils avancent ou non. Ayant les mêmes devoirs que les cou