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Libération
Interview

Jean de Maillard, magistrat à Blois, revientsur le malaise de la justice face au pouvoir : «Un long travail de sape par une classe politique mise en cause»

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publié le 5 avril 2002 à 22h56

Jean de Maillard est magistrat à Blois. Il est l'un de ceux qui s'est le plus investi ­ pas nécessairement dans les fonctions qu'il occupe, mais dans ses livres ou dans ses interventions publiques ­ en faveur de la lutte contre la corruption et la grande délinquance financière, y compris quand elle implique des politiques. Interview sur le malaise qui s'est réinstallé au sein de la magistrature.

Nombre de vos collègues redoutent l'après-présidentielle. Un malaise passager ?

Ne vous y trompez pas. La situation actuelle de crise ou de désamour ne tombe pas comme ça du ciel, avec les cloches de Pâques. C'est le produit d'un long travail de sape et de laminage de la classe politique qui, se voyant mise en cause, a réussi à désorganiser la justice. Quand Eric Halphen quitte le métier, une partie de la droite applaudit. Ce travail de sape a été soit souterrain, soit institutionnel et a consisté à empiler une série de réformes que nous ne pouvions pas appliquer. Exemple, avec la loi de présomption d'innocence, utilisée pour nous compliquer la tâ che, même si les objectifs affichés étaient nobles. Un travail de mitage plus subtil a été effectué à travers l'emploi de la haute hiérarchie judiciaire, placée parfois aux bons postes ­ et ce n'est pas une question d'étiquette ­, pour annuler des procédures ou les placer en surveillance.

Pourtant, de nouveaux débats se sont ouverts : l'indépendance des parquets, la non-intervention dans les affaires individuelles...

Je dirais plutôt que la gau