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Requiem pour la Ve République (fin). Justice : d'une stigmatisation à l'autre

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Ce n'est plus l'impunité des politiques qui est dénoncée mais le pouvoir des juges.
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publié le 5 avril 2002 à 22h56

Un septennat plus tard, rien n'a changé : le malentendu est profond. Affaire(s) du RPR, dossier Elf, mise en cause des élus, des grands patrons ou des responsables dans les grands dossiers sanitaires ­ avec Laurent Fabius traduit devant la Cour de justice de la République dans l'affaire du sang contaminé : depuis 1995, les élus ont eu le sentiment de plus en plus violent de jouer les lapins dans un champ de tir.

Gibier. La perspective s'est renversée. Les juges ont aujourd'hui des états d'âme de gibier. Deux ans avant le début du septennat chiraquien, en 1993, deux journalistes, Laurent Greilsamer et Daniel Schneidermann, donnent la parole aux magistrats, sous le titre Les juges parlent. L'exercice est réédité par les deux mêmes auteurs (1), neuf ans plus tard, mais le titre a changé : Où vont les juges ? A l'automne, avec la relaxe de Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire de la Mnef, celle de Robert Hue dans le procès du financement du PCF, reviennent de vieilles questions dont celle-ci : faut-il supprimer le juge d'instruction ? Oui, répond Jean-François Burgelin, procureur général près de la Cour de cassation, pour appuyer certaines voix du monde politique. Les juges ont beau répéter qu'ils n'ont jamais eu pour perspective de chasser les hommes politiques, mais d'en finir avec l'impunité des élites, leur discours est moins entendu. Avec la démission spectaculaire du juge Halphen, une petite partie de la magistrature s'est prise à espérer que le débat allait être recadré. S