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Libération

Les trois tribus d'Arlette

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Revue de l'électorat hétéroclite de l'inusable candidate trotskiste.
publié le 6 avril 2002 à 22h57

Il y a Lutte ouvrière et il y a Arlette Laguiller. D'un côté, une organisation trotskiste structurée, avec militants, obligés et con vaincus. De l'autre, une pasionaria devenue figure des «travailleurs, travailleuses» à force de durer. D'un côté, un parti d'extrême gauche historiquement condamné aux queues de peloton électoral ; de l'autre, une candidate qui explose dans les sondages. Après un mois de grimpette continue, Arlette Laguiller draine désormais jusqu'à 10 % des intentions de vote.

Ces électeurs potentiels n'ont pas tous la fibre révolutionnaire. S'ils votent Laguiller, c'est par désespérance. Par protestation, aussi. Plus souvent encore par défaut. «Le vote Laguiller est un vote idéologique dans un univers désidéologisé», analyse Philippe Méchet, directeur de la Sofres. Malgré elle, la candidate incarne des idées et des luttes qui ne l'ont jamais vraiment concernée, ou alors marginalement ­ la dépénalisation du cannabis, la lutte anti mondialisation, ou le rééquilibrage des rapports Nord-Sud.

Les convaincus

Ouvriers, employés ou travailleurs indépendants, ils forment le noyau dur de l'électorat LO. Pour ces militants d'extrême gauche ou ces déçus du PCF, la lutte des classes est toujours une réalité. «Le PC ne fait plus son travail, s'énerve un grand costaud à la barbe poivre et sel, manutentionnaire près d'Abbeville (Somme). Quand Robert Hue défend la retraite au bout de 40 ans de cotisations et que Jospin dit non, il devrait quitter le gouvernement. Nos anciens se