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Libération

«Le gagnant peut aider pour les papiers»

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Espoir et amertume chez les patients d'un centre de Médecins du monde.
publié le 9 avril 2002 à 22h58

Peut-être vont-ils glisser une enveloppe dans l'urne. Mais, à l'intérieur, c'est leur prénom qui sera inscrit. Déjà quelques plis s'empilent dans cet «isoloir des sans-voix», une opération lancée début avril par Médecins du monde (MDM). Pour que Moussa, Alain, Calixte, Mamadou, Jamila, Janosz et les autres ne restent pas invisibles, «pour que la précarité apparaisse au centre du débat politique», selon le mot du Dr Claude Moncorgé, président de MDM.

Amputé d'une jambe après un accident de la circulation au Sénégal, Papa Moussa, 37 ans, est venu se soigner en France il y a déjà cinq ans. Sans travail, logé à la petite semaine, il réussit pourtant à suivre la campagne. «La seule chose dont je n'ai pas entendu parler, regrette-t-il, c'est l'égalité et les droits des étrangers sur le territoire français.» Mamadou, Sénégalais de 37 ans lui aussi, vit en France depuis cinq mois. Avec de l'espoir : «Celui qui gagne, il peut nous aider, nous les étrangers, à avoir des papiers.»

Spirale. Au centre MDM de la rue Parmentier, à Paris (XIe arrondissement), une équipe médico-sociale reçoit des hommes et des femmes, SDF, français ou étrangers, avec ou sans papiers. Ils composent une salle d'attente très black-blanc-beur, mais loin de toute victoire. Agé de 29 ans, comptable, Laribi est, comme la plupart des patients du centre, coincé dans la spirale : pas de papiers-pas de travail-pas de logement. Et forcément pas d'argent. Pour lui, «l'essentiel, c'est que Le Pen ne gagne pas». Arrivé d'Alg