Après Jean-Pierre Chevènement il y a deux semaines, Jacques Chirac s'est rendu, hier, à la mosquée de Paris, censée être à l'écart du débat politique. C'était une première historique, jamais un président de la République n'a rendu une visite officielle à ce haut lieu du culte musulman, depuis son inauguration en 1926 par Gaston Doumergue. La sacro-sainte séparation entre la République et les cultes n'a pas empêché le candidat d'insister sur les questions spécifiquement religieuses : «Il est important aussi que l'islam puisse former sur notre sol ses cadres religieux et qu'il puisse disposer de lieux de culte et de sépultures dignes et conformes à ses préceptes.»
Rassurer. Le déplacement présidentiel marquait surtout une volonté de rassurer une communauté stigmatisée par les événements du 11 septembre. Tragédie qui a «révélé au monde le visage hideux de l'intégrisme», comme l'a souligné le recteur de la mosquée, Dalil Boubakeur, qui déplorait les amalgames par lesquels «l'islam a été tout de suite montré du doigt, incriminé, voire condamné».
La foule était nombreuse et bariolée, près de 3 000 personnes (principalement de la mouvance algérienne et harkie), bercées par les tambourins sonores d'un orchestre soufi (confrérie mystique) du Sud algérien et enivrées par les déferlements de youyous. Devant l'entrée de la mosquée, tenus à distance par un cordon de CRS, une vingtaine de mi- litants propalestiniens, keffiehs brandis, manifestaient aux cris de «Chirac à Ramallah».
Un appel à