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Quand tout le monde veut son procès

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Les Français ont-ils peur de tout? (3/5).
publié le 10 avril 2002 à 22h58
(mis à jour le 10 avril 2002 à 22h58)

Même dans les séries télévisées, il devient un concurrent sérieux des traditionnels flics et voyous. En quelques années, le juge a pris une sacrée carrure. Personnage omniprésent (omnipotent ? ) dans notre vie, il est lui-même pris de vertige face aux attentes qu'il suscite. «On n'est pas des substituts de Dieu ni des superrégulateurs de toute la société !», s'écrie Valéry Turcey, président de l'Union syndicale des magistrats (USM), qui vient de publier un ouvrage sur le phénomène qu'il est désormais convenu d'appeler la «judiciarisation» de la société (1), cette tendance à chercher un coupable pour tout, y compris les maladies et les catastrophes naturelles, qui nous viendrait d'Amérique. De plus, la vieille machine judiciaire se voit désormais soumettre de déroutantes questions. Que faire des embryons surnuméraires conçus lors de fécondations in vitro ? Un enfant peut-il être indemnisé de fautes médicales commises avant sa naissance, voire avant sa conception ? «Les tribunaux ont été organisés et les règles définies pour résoudre des querelles de bornage ou des vols de récoltes. Ils ne sont plus adaptés quand il s'agit de refaire l'Histoire ou de dire si le fait d'être vivant est un préjudice», tempête Valéry Turcey.

Victimisation. Praticiens du droit et chercheurs signalent cette montée en puissance de la victime. «C'est une tendance forte et internationale, quelque chose de très profond», estime Denis Salas, maître de conférences à l'Ecole nationale de la