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Libération
TRIBUNE

France, ta politique fout le camp

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Amis étrangers, si la politique se meurt chez nous, elle meurt tout bêtement de la médiocrité de sa classe.
par Pierre Alferi, écrivain.
publié le 11 avril 2002 à 22h59

Voici la saison idéale pour initier vos amis étrangers à la politique française. La campagne officielle commence, et l'électorat, plus spectateur qu'acteur, passe en revue les troupes. Sondé matin, midi et soir, il sonde lui-même le coeur des chefs en captant leur regard. De ce point de vue du coeur ­ générosité, courage, conviction ­, vous devez un aveu à vos amis qui découvrent les candidats. Les deux favoris, eh bien, ce sont justement ceux dont on est le moins sûr qu'ils croient en ce qu'ils disent.

La palme de la roublardise revient certes au Président. Gravement compromis, il prône sans rire la restauration d'une «confiance» et d'une «autorité de l'Etat» qu'il a maintes fois ridiculisées. Vous attirez l'attention sur ce demi-sourire entendu de l'intervieweur, genre «on ne me la fait pas» ­ on voit de plus en plus de ces sourires à la télévision française. Vos amis vous ont demandé de leur traduire ce que propose le candidat sortant. Mais, pilote sans boussole, il navigue à vue depuis trop longtemps pour qu'il vaille la peine de citer son programme. Du propre aveu de ses inspirateurs, il est le simple calque des «sondages qualitatifs» faits à la petite semaine sur les «attentes des Français».

Mais voici le favori. Vos amis étrangers ont un peu de mal à le situer. Vous ne pouvez guère les aider, puisque Lionel Jospin fait campagne exactement comme il a gouverné, au gré des sondages lui aussi, sensible aux moindres vagues de l'opinion, laissant plus qu'à son tour le gouvern