Lacenas envoyée spéciale

Au bord de la route, un jeune homme arrache les mauvaises herbes d'un petit massif. La campagne électorale ? «Quoi ? Vous vous êtes renseignée à la mairie ? Parce que nous, on travaille là, mais on n'est pas d'ici, on est de Villefranche ! (à 7 km, ndlr).» Au bar-tabac de Lacenas (Rhône), en plein pays du beaujolais, trois gars sirotent leur bière du matin : «Chirac, Mitterrand ­ non il est mort ! ­ ou Jospin, c'est toujours la même merde ! Quand on promet quelque chose, on le tient ! On va pas voter pour des imbéciles !», commence l'un. Un plus jeune avance : «Moi, je vote pas Jospin, il n'a rien fait pour les sans-papiers, il fallait leur donner un visa ou quelque chose pour les aider !» Le patron sourit : «Normalement, j'irai voter, mais pour qui ? Vu le nombre qu'ils sont ! Ils sont même pas capables de se rassembler au départ. C'est illogique, complètement !» Il essuie son comptoir, reprend : «De toute manière, celui qui va gagner ne pourra pas faire ce qu'il veut, il sera contré par les opposants, par la cohabitation !»

Vin du Nouveau Monde. Dans ses vignes, David cogne à coups de maillet sur les piquets : «Rien ne va ! On n'arrive pas à vendre le vin, il n'y a pas de travail dans la région !» Oui, il ira voter. Pour qui ? Il ne sait pas encore : «Je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir, j'ai trop de travail !» Patrick est viticulteur, il soupire, triste : «Les caves sont pleines, on ne vend plus assez notre beaujolais. La consommation a diminué,