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Libération

Pas un mot sur le Maghreb

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Au Maroc, Le Pen inquiète et «Supermenteur» fait rire.
par Aboubakr Jamaï, directeur de la publication «Le Journal hebdomadaire» (Maroc)
publié le 11 avril 2002 à 22h59
(mis à jour le 11 avril 2002 à 22h59)

La France a-t-elle une politique maghrébine ? A en croire les débats auxquels donne lieu cette campagne présidentielle, pas vraiment. Pas une phrase sur les relations avec les pays du Maghreb, et encore moins sur la situation qui prévaut chez nos voisins. L'idée de «codéveloppement» promue un moment par Lionel Jospin a fait long feu. Ecartelée entre des gouvernements réfractaires à la démocratie et des sociétés civiles dont l'aspiration à plus de liberté et de bonne gouvernance s'est fortement affirmée, la France donne l'impression de «gérer» là où il aurait fallu concevoir une stratégie. Là où il faudrait profiter justement de ses «relations privilégiées» ­ pour reprendre la formule consacrée ­ pour promouvoir des relations économiques volontaristes et surtout une approche plus respectueuse des droits de l'homme et de la volonté de démocratisation des citoyens maghrébins.

Connexion. Si le Maghreb en tant que région est totalement absent de la campagne, les immigrés maghrébins et les Français d'origine maghrébine sont, eux, bien présents. Comme le montrent les intentions de vote en faveur de leur Némésis, Jean-Marie Le Pen. Si les principaux candidats font bien attention à ne pas confondre insécurité et immigrés maghrébins, le leader du Front national, lui, ne s'en prive pas. La multiplication des visites des candidats dans des banlieues où la communauté maghrébine est fortement représentée, montre pourtant bien une connexion, aussi rarement verbalisée que totalement démentie