Le Liszt, rue de Hauteville, Xe arrondissement de Paris, quartier qui monte. Jusqu'en janvier, il n'y avait qu'Arlette, dont un des bureaux, ceux du journal Lutte ouvrière, est à deux pas. «Elle est venue manger ici, raconte Odile, la patronne, mais je ne l'ai pas reconnue tout de suite. Elle portait des lunettes noires.» «Ah bon ? Chez moi, elle "balaye" : elle arrive, et rafle tous les journaux. Il n'y a que les politiques et les journalistes qui font ça. Les autres, ils vont droit au but, s'étonne la libraire-papetière d'en face. L'autre, le touffu, Krivine, "balayait" aussi. Je ne l'avais pas identifié au début. C'est quand je l'ai vu à la télé que je me suis dit "tiens, c'est mon client". Mais lui, ça fait un bon moment qu'on ne l'a plus vu.»
Empaillages. Arlette n'est pas réapparue non plus, depuis la campagne. Ça n'empêche pas qu'on parle du quartier. Chevènement, Jospin, Chirac «et l'autre, le gauchiste» Daniel Gluckstein, du Parti des travailleurs , énumère la papetière, ils sont tous dans un mouchoir de poche de la rue de Hauteville à la rue Saint-Martin. C'est à la fois flatteur et méprisant : «Ils n'ont que leurs bureaux, ici. Pour habiter, ils préfèrent le XVIe, comme les autres. Le quartier populaire, c'est bon pour la galerie.» Elle veut qu'on l'appelle Virginie. Le monsieur, avec qui elle discutait justement des élections devant l'expresso du matin, sera Paul. Ils disaient que ce scrutin tombe mal, surtout le deuxième tour, en plein pont du 8 mai. «Entre le