Bordeaux envoyé spécial
Faire «court et de gauche», disait hier un dirigeant socialiste : à J-9 du premier tour, Lionel Jospin s'efforce d'apporter de la concision à son discours. Hier, à Bordeaux, pour son avant-dernier grand meeting de premier tour, le candidat socialiste a répété son nouveau message politique : «Je suis le candidat du progrès social.» Et il s'est fixé un nouvel objectif : non seulement gagner au second tour, mais aussi «créer, comme en 1995, la surprise au premier tour».
Pour mobiliser ses troupes, Lionel Jospin a défendu son projet sur deux fronts. D'abord, contre Jacques Chirac, candidat de la «démagogie» et de «contradiction». Oui, «il y a bien une gauche et une droite», a-t-il lancé devant 8 000 militants et sympathisants, et «nous ne pensons pas, nous, que ce qui est bon pour le patronat soit forcément bon pour les Français». Ensuite, et plus encore qu'à Dijon il y a quinze jours, il s'est adressé «à la France qui travaille sur une chaîne d'usine, derrière une caisse de supermarché». Une France tentée, il le sait, par l'extrême gauche. «Nous sommes la gauche réelle, a-t-il dit, celle qui accepte les responsabilités politiques, la gauche des réformes concrètes, des améliorations de la vie de tous les jours.» Citant Victor Hugo, il a affirmé que, «parce que la misère n'attend pas, les réformes, même partielles, doivent être constituées dès à présent».
Après les classes laborieuses, les classes boutonneuses. Renonçant à coller à Jacques Chirac sur la sécur