Un vote du troisième type. Entre les «conventionnels», qui pensent à la future majorité de gouvernement, et les «protestataires», qui rejettent le système, cette campagne présidentielle aura vu émerger chez les électeurs une démarche nouvelle : le «vote d'influence». C'est ce que montre la dernière enquête de notre observatoire de la présidentielle Libération-Louis-Harris-AOL (1).
Pour comprendre cette évolution, l'institut Louis-Harris s'est penché sur le vote pour les «protestataires». Ont ainsi été testés six candidats, pour savoir dans quelle mesure les sondés leur prêtaient ou non «une influence» sur «l'avenir de la France». Aux extrêmes, deux sortent du lot : Jean-Pierre Chevènement et Jean Saint-Josse. Près d'une personne sur deux (45 %) pense qu'un vote pour l'ancien ministre de l'Intérieur peut avoir une influence importante. Alors qu'ils sont seulement 15 % à estimer que ce serait le cas pour le candidat des chasseurs et des pêcheurs.
Fonction tribunicienne constructive. Si vote protestataire il y a, il n'est donc pas de même nature entre Chevènement et Saint-Josse. Ni l'un ni l'autre ne prétendent participer à une future majorité de gouvernement. Pourtant les électeurs opèrent une distinction entre les deux. Le «principe d'influence», observe François Miquet-Marty, directeur des études politiques chez Louis-Harris, «repose sur la capacité à faire entendre la voix des électeurs auprès des dirigeants. Il s'agit d'une fonction tribunicienne constructive». La définition