Au cinéma, c'était Epouses et concubines. A la présidentielle, c'est Epouses et insécurité. Ce film-là relève plus du nanar que de la palme d'or à Cannes. Mais à neuf jours du premier tour, c'est celui de la campagne, plus affligeant qu'amusant, plus indigent que poilant.
Résumons l'intrigue. Entre deux faits divers tragiques et les commentaires compassés qu'ils entraînent, les candidats se montrent avec leurs conjoints ; quand ils ne s'affichent pas avec leur moitié, ils commentent l'insécurité, et vice versa... Telle est la dernière production présidentielle, où obsession sécuritaire et éloge de l'intimité sont élevés au rang d'armes essentielles, de discriminants fondamentaux, d'alpha et d'oméga de la société et de la vie politique françaises. Votez machin, son épouse est charmante, votez truc, sa femme est ravissante et... intelligente.
Main dans la main. Cette semaine, ça déborde. Il y en a encore vingt pages dans Paris Match. Et presque autant dans Gala. Comme la semaine dernière et celle d'avant. Bernadette par ci, Sylviane par là, le brushing de l'une, le sourire de l'autre, l'une dans ses meubles à l'Elysée, l'autre à Matignon. Devant l'objectif du photographe, le couple Chirac en arrive même à se donner la main, c'est dire la force de l'image... On a aussi vu, ailleurs, les Jospin, d'ordinaire si cérébraux, rigoler dans leur cuisine... On a encore eu droit aux Bayrou à la ferme et aux Hue dans leur chez-soi de banlieue, à Montigny. On connaît Mme Saint-Josse, grande