Le Havre, envoyé spécial.

Tous pour un, en attendant le chacun pour soi. Laurent Fabius et François Hollande, les deux favoris socialistes pour s'installer à Matignon en cas de victoire de Jospin, ont tenu, hier soir, un meeting commun au Havre. Dans cette ville gérée par le directeur de campagne de Chirac, Antoine Rufenacht, l'image était unitaire et fraternelle. Sans doute parce que l'urgence est devenue pressante. Car, si les deux hommes avaient déjà fait tribune commune, fin février, en Seine-Saint-Denis, au lendemain de la déclaration de candidature de Jospin, la cote de leur champion s'est depuis lors dangereusement effritée. Avant de rêver au poste de Premier ministre, encore faut-il que Jospin l'emporte... Les deux concurrents ont donc profité de ce passage en Seine-Maritime, fief électoral de l'un, Fabius, et terre natale de l'autre, Hollande, pour décréter la mobilisation générale dès le premier tour. Chacun à sa manière, ils ont sonné la fin de la récréation à l'intention d'un électorat de gauche passablement dissipé. Fabius a d'abord mis en garde contre «trois risques : l'abstention, la dispersion et la confusion».

Même rappel à l'ordre de Hollande. Fini de rire, il est temps de «solenniser l'enjeu» du scrutin, a souligné le patron du PS : «Ce n'est pas une élection préférentielle où l'on donnerait simplement son sentiment, c'est une élection présidentielle où l'on choisit un président !» «Quel président voulons-nous et quelle société espérons-nous ?» Telles sont,