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Libération

«Femmes, une espèce rare»

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Une journaliste suédoise déplore leur absence.
publié le 16 avril 2002 à 23h03

«Heureusement que ma mère est là», disait l'autre jour mon amie Clarisse. Elle et son compagnon doivent attendre encore trois mois avant de pouvoir laisser leur petit à la crèche, et leurs congés légaux sont épuisés. Ma voisine Laurie, elle, a eu l'air de me trouver naïve quand je lui ai demandé si, dans son entreprise, elle se sentait traitée différemment d'un homme : «Il est certain, me répondit-elle agacée, que, dans mon boulot, j'ai beaucoup plus à prouver qu'un mec.» Quant à la vendeuse de journaux en bas de chez moi, elle fait tous les jours sa petite manif contre la pornographie, en refusant de monter à l'échelle pour chercher les magazines dits de charme pour ses clients.

Majoritaires. Voilà trois femmes sur 23 millions d'électrices qui vont bientôt déterminer le sort des prétendants présidentiels. Elles sont majoritaires : 53 % de l'électorat français. On pourrait donc s'attendre à ce que tout homme politique doué d'un certain instinct de conservation dissèque les conditions de vie des Françaises et regarde à la loupe leurs aspirations pour trouver des thèmes susceptibles de les attirer elles et leur bulletin de vote.

Dans cette campagne, c'est pourtant le grand silence. Peut-être est-ce simplement une question de médiatisation : un jeune délinquant se vend mieux au journal télévisé qu'un jeune père avec un kangourou sur le ventre. Prôner l'égalité des salaires est forcément moins sexy que promettre une baisse des impôts. J'espère en tout cas que les hommes politiques