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La crise de l'intégration (2/5): Sur les bancs de la ségrégation.

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Au lieu de combattre les inégalités, l'école peut parfois les aggraver.
publié le 16 avril 2002 à 23h02
(mis à jour le 16 avril 2002 à 23h02)

Démocratisation certes, mais «démocratisation ségrégative». Le verdict est tombé il y a deux ans sous la plume du sociologue Pierre Merle, qui a inventé cette expression pour expliquer comment l'évolution du système éducatif ces quinze dernières années avait contribué à aggraver les inégalités qu'il prétendait combattre. Les premières victimes de cette politique ont été les enfants issus de familles défavorisées et, parmi elles, immigrées. Un autre sociologue, Choukri ben Ayed, estimait il y a un an que «l'école n'est pas toujours le reflet du quartier : elle produit elle-même des formes de ghettoïsation qui ont leur propre logique et qui peuvent contribuer à diffuser une image négative des quartiers». Pis, comme le montre la sociologue Agnès Van Zanten, «certaines écoles sont plus ségrégatives que le quartier qui les entoure», phénomène aggravé par les nouvelles stratégies résidentielles des familles, de plus en plus attentives à la réputation des établissements scolaires.

Mixité sociale. Bilan pour le moins mitigé vingt ans après la création des zones d'éducation prioritaire (ZEP), autour du principe «donner plus à ceux qui ont moins» ­ c'est ce qu'on appelle la discrimination positive. Aujourd'hui, Jack Lang, le ministre de l'Education nationale, parle de «donner beaucoup plus à ceux qui ont beaucoup moins» et juge que «la discrimination positive n'est pas la seule réponse en matière de mixité sociale». Ni en matière d'intégration des enfants issus de l'immigration : plusi