Docteur en psychologie, psychanalyste, Jean-Pierre Friedman vient de publier un essai intitulé Du pouvoir et des hommes (éd. Michalon, 210 pp., 16 euros), dans lequel il analyse l'image et le caractère des prétendants à l'Elysée.
Des crachats sur Chirac, Chevènement entarté, Bayrou à qui un gamin fait les poches... Comment expliquez-vous ces passages à l'acte de citoyens ?
Ce n'est pas surprenant. Nous sommes dans une société, à la fois, de plus en plus en violente et de plus en plus émotionnelle. La télévision encourage au défoulement des affects. Alors le passage à l'acte devient de plus en plus fréquent et banal. Pour expliquer ces gestes, je crois également qu'il faut chercher du côté de la mort du père. Naguère, les ouvriers s'en prenaient à leur patron, symbole du pouvoir. Plus près de nous, les jeunes bafouaient l'autorité de l'Etat incarnée par les forces de l'ordre. C'est désormais autour des hommes politiques de devenir des substituts du père. Lorsque j'étais jeune, même si on n'était pas d'accord avec un ministre, on baissait les yeux. Aujourd'hui, on ose bafouer l'autorité. La transgression est devenue partie intégrante du comportement de la plupart de nos concitoyens.
Qu'est-ce que ces comportements révèlent de la campagne électorale ?
L'élection présidentielle est devenue un des rites de la société du spectacle. L'électeur-consommateur assiste à une pièce de théâtre, gratuite. Il regarde plus ou moins les actes du spectacle avant de désigner éventuellement