Washington, de notre correspondant.
Philip Gordon est directeur du Centre sur les Etats-Unis et la France, à la Brookings Institution à Washington. Il vient de publier, avec Sophie Meunier, un livre décrivant l'adaptation de la France à la mondialisation (le Nouveau Défi français, ed. Odile Jacob).
Vu de Washington, qu'est-ce qui vous a semblé le plus marquant dans cette campagne ?
Le désintérêt des Français, même s'il n'est pas une surprise : depuis quinze ans, l'absence d'enthousiasme manifesté dans les sondages, le taux d'abstention, l'éclatement du paysage politique entre petits partis, n'ont cessé de croître. Dans les années 80, les grands partis réunissaient plus de 70 % des voix exprimées au premier tour. Maintenant, ils sont tombés à moins de 60 %, les petits mouvements atteignant plus de 40 % des intentions de vote. Ensuite, les principaux dirigeants ont choisi de défendre des lignes très similaires : il est difficile de percevoir des différences majeures entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Faute de choix réels, les gens à la recherche d'une alternative se tournent vers les petits candidats.
Cet éclatement est-il dangereux pour la démocratie en France ?
Non, tant qu'il s'inscrit dans une économie porteuse, avec une baisse du chômage et de bons chiffres économiques. Si en revanche la crise venait à s'aggraver, cela deviendrait préoccupant.
La façon dont la France s'est adaptée à la globalisation explique-t-elle ce nouveau paysage politique ?
La poussée de candidats comme