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Libération
Éditorial

Lisez Le Pen, c'est encore pire

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publié le 25 avril 2002 à 23h10

Le paon vaniteux de l'extrême droite a été le premier surpris : quoiqu'il en dise, il n'avait pas prévu sa victoire. Au-delà de ses cinq projets de référendums organisant la mise en quarantaine de la société française et qui datent de janvier, il n'avait pas spécialement préparé l'épreuve purement programmatique que requiert le second tour de l'élection présidentielle. Et, pourtant, le Front National a édité une abondante littérature, que veulent crédibiliser des projets de lois et de décrets qui pourraient être votés ou décidés par Le Pen s'il devenait chef de l'Etat et s'il avait une majorité pour les faire voter...

Plus qu'une pensée, Le Pen, c'est d'abord une posture de «va-de-la-gueule», qui avec une vulgarité onctueuse se veut le porte-parole des «sans-grade», capable de s'en prendre avec une verve sinistre à l'«arrogance» et à l'«impuissance» de tous les dirigeants nationaux et européens, des élus et des politiques, des magistrats et des journalistes, des industriels, des syndicalistes et des associatifs.

Cet imprécateur talentueux campe depuis une cinquantaine d'années dans le paysage français. Il a déjà participé à la chute d'une République et, depuis une vingtaine d'années, il travaille avec constance à saper celle-ci. Sorti d'une histoire qui sent les rentre-dedans et la peur des victimes, le sable chaud et les barouds qui n'ont pas tous été d'honneur, la poudre et les faits divers, Le Pen est l'acteur vedette de ses propres provocations. Celles-ci, mises bout à bou