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Petites haines ordinaires

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Les habitants du quartier d'Encagnane, une ZUP tranquille, ont placé l'extrême droite en tête. Contre les «incivilités», et parce qu'«on est chez nous, quand même».
publié le 25 avril 2002 à 23h10

Pourquoi Le Pen? «Parce qu'il est breton», dit l'une. «La faute à la télé qui nous montre toujours le pire», avance une autre. Une troisième: «Y'a trop d'arabes, on en a marre». Sa voisine: «Et pas assez de policiers qui patrouillent». Elles, ce sont Hélène, Nicole, Monique et leurs copines. Moyenne d'âge: 65 ans. Chaque fois qu'il fait beau, la petite «bande» squatte le banc de la résidence, en plein cagnard. A Aix, leur quartier, classé ZUP (zone urbaine prioritaire), n'a pas la cote. Pas vraiment mauvaise réputation non plus, mais les bourgeois du centre-ville n'ont pas grand chose à y faire.

Côté commerces, c'est le strict minimum: pharmacie, boucherie, supérette, snack et un bar planté sur une placette. Mais avec ses plantations multicolores qui sentent bon le midi et ses larges balcons, la zone résidentielle d'Encagnane est loin du cliché de banlieue: ni barres HLM aux parterres bétonnés, ni infrastructures à l'abandon ou rues désertes entre deux attroupements. Pourtant, comme à chaque élection, l'extrême droite est arrivée largement en tête dans la plupart des bureaux de vote de ce coin de la ville, à dix minutes à pied du centre.

Sono et vidange. L'insécurité, nombreux assurent la vivre au quotidien. A les entendre, cela ressemble plutôt à de l'incivilité, parfois à une simple incapacité à bien voisiner. «Les étrangers passent leur temps à nous empoisonner la vie, reproche une habitante. Ils garent leur voiture n'importe comment et font leur vidange à même le sol. Les