La situation que nous venons de vivre met en évidence une incertitude radicale des sondages qui n'a jamais atteint dans le passé un tel degré d'évidence. Certes, les résultats du premier tour de l'élection présidentielle ont provoqué, comme d'habitude, une mise en accusation des instituts de sondage. D'autant plus légitime que leurs prévisions ont très probablement été la cause directe parmi d'autres bien sûr de l'éviction de Lionel Jospin. Mais l'importance même du séisme électoral a quelque peu éclipsé la réflexion sur cette grossière erreur.
Pourquoi les sondages sont-ils radicalement incertains ? Pas seulement pour les raisons avancées par les experts, qui ne sont que des excuses secondaires faites pour cacher l'essentiel. Quand les sondages étaient interdits pendant la dernière semaine, ces experts mettaient en avant le fait que les sondages étaient des photos instantanées, et que les évolutions finales expliquaient l'écart entre prévisions et réalité du scrutin. On met aujourd'hui en avant les pourcentages importants de votants hésitant jusqu'à la dernière minute, le nombre des candidats ou encore le fait que certains candidats n'avouent pas leur vote d'extrême droite et qu'il faut donc redresser, par des coefficients incertains, les intentions déclarées.
Ce dernier argument est le plus intéressant car il met sur la voie de la difficulté véritable et incontournable. Si vous êtes sondé, dans un échantillon de 1 000 personnes, le poids de votre déclaration est multipli