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Devenir des «banlieues», leur pire cauchemar

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Voyage au c¦ur de quatre petites communes du Pays d'Aix qui ont placé Le Pen en tête. Accusés de rompre la tranquillité des «anciens», Aixois, Marseillais, gitans, jeunes ou immigrés sont mis à l'index. Pêle-Mêle. En toile de fond, la peur du changement et la tentation du repli.
publié le 29 avril 2002 à 23h12

uatre villages du Pays d'Aix dans un périmètre d'une dizaine de kilomètres. Au Puy-Sainte-Réparade, à Meyrargues, à Saint-Paul-Lez-Durance et à Jouques, Jean-Marie Le Pen est arrivé en tête du premier tour. Des communes tranquilles, entre 800 et 5.400 habitants, qui semblent figées comme des cartes postales. Une Provence pas si éternelle que ça, où le discours frontiste s'est lentement installé, jusqu'à se concrétiser le 21 avril, autour d'un sentiment fixe: la trouille.

Le Puy-Sainte-Réparade

Sur la route des vins, à 17 kilomètres au nord d'Aix, le Puy-Sainte-Réparade ne sait plus à quoi s'en tenir. Jean-Marie Le Pen a obtenu 16,55%, devançant Lionel Jospin (15,55%) et Jacques Chirac (15,25%). Dans ce fief historique de la gauche du Pays d'Aix, où un socialiste a dirigé pendant près de 40 ans la municipalité, la pilule passe mal.

Depuis dimanche, la gauche s'est mobilisée, formant un comité pour appeler à voter contre le FN au second tour, et veut se rassurer. « Nous sommes tout de même l'une des communes qui a le mieux résisté à la vague d'extrême droite», répète François, un responsable du Parti radical qui tient un local ouvert tous les jours à proximité de la place du marché.

Maigre consolation, tant le discours frontiste s'est ancré dans les esprits d'une partie des 5.400 habitants. «Les gens sont mécontents de voir arriver des nouvelles populations venues d'on ne sait pas où. J'ai même des amis de gauche qui commencent à se sentir mal à l'aise», raconte Antoine, un retrai