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Libération

Sur la route, avant d'écouter «Jean-Marie»

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Dans le bus qui les conduits au meeting de leur leader à Marseille, des militants FN parlent à bâtons rompus en attendant «le président». Entre confidences, ranc¦urs et rhétorique frontiste.
publié le 3 mai 2002 à 23h23

Il pleut des cordes sur Aix-en-Provence et le chauffeur du car qui mène les militants d'extrême droite au meeting de Jean-Marie Le Pen à Marseille se demande si «ce n'est pas encore un coup du Mossad». 18h00, jeudi, le voyage s'annonce glissant. Quarante personnes, troisième âge en force, sont de sortie. Pas de banderoles ni de gros bras, mais un triste club de supporters, anciens de l'Algérie française et nouveaux adhérents sortis du bois au soir du premier tour. Une vieille femme illuminée en béret blanc porte un gilet de chasse sous sa redingote à carreau. C'est elle qui met l'ambiance: champagne à gogo pourvu que ce soit «à la santé de Jean-Marie» et gâteaux diététiques qu'un type, en jogging et pieds nus, distribue dans l'allée centrale.

Malgré les bulles, pas de chahut. On papote, on radote mais on ne dérape pas. L'excitation, ce sera pour plus tard, «avec le président». Pour le moment, Françoise Gaspari, directrice de recherche au CNRS rumine sa colère d'un «deuxième tour confisqué par un lessivage de cerveau digne d'un pays soviétique». La faute aux médias, dit-elle, qui ne «racontent rien sur ce qui se passe de notre côté». Pourtant, elle a «senti un frémissement». Elle est aigrie, la dame. Après la classe politique qui «pille le programme de Le Pen» et les «gauchistes du CNRS» qui lui ont «cassé sa carrière». A l'écouter pourtant, on comprend: elle qui refuse de se prononcer «sur les camps de concentration parce qu'elle n'en a jamais visités», croit mieux savoir de