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Portrait

Les Saïfi, jusqu'à l'intégration ministérielle

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publié le 14 mai 2002 à 23h27

Hautmont envoyée spéciale

Il n'y a pas de mystère Tokia Saïfi. Il suffit de regarder sur les murs du salon de la maison natale de la nouvelle secrétaire d'Etat au Développement durable, à Hautmont (Nord), où sa mère habite encore. D'un côté, une reproduction d'un Pissarro. En face, une photo de la mosquée d'Omar, à Jérusalem. Juste à côté, le diplôme du mérite décerné à Korichi, le père de Tokia, après vingt ans de service dans l'usine deÊmétallurgie Vallourec. Et, partout, des bouquets de fleurs. Envoyés de la terre entière pour féliciter Yamina Saïfi, après la nomination de sa fille dans le gouvernement Raffarin. Pissarro pour la culture occidentale, la mosquée pour l'intime, le diplôme pour l'immigration. Les fleurs enfin pour la République, la deuxième religion familiale, qui ne le lui a pas toujours bien rendu.

En résistance. «Certains voisins ont voté Front national à l'élection présidentielle, mais ils sont fiers qu'une Hautmontoise soit entrée au gouvernement», sourit Mohamed Saïfi, grand frère de Tokia. A Hautmont, le FN a séduit un électeur sur trois, le 21 avril. Dans le quartier des Saïfi, presque un sur deux. Et à la mairie, le pasquaïen Joël Wilmotte ­ 73 % des voix aux élections municipales 2001 ­ est sous le coup d'une mise en examen pour discrimination raciale.

A Hautmont, les Saïfi sont entrés en résistance. Un caillou dans la chaussure d'un maire qui confond immigration et délinquance et n'a qu'une obsession : modifier le «peuplement» de sa ville. Il a abando