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Libération

«France d'en bas»: la récup' de Raffarin

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Le Premier ministre se rengorge de sa «trouvaille»... galvaudée depuis Balzac.
publié le 17 mai 2002 à 23h30

C'est lui qui l'a inventée. Il l'a serinée durant toute la campagne électorale. Lui, le non-énarque devenu Premier ministre, autoproclamé défenseur de ses semblables contre les élites parisiennes. Jean-Pierre Raffarin prétend donc être le concepteur d'une formule : «la France d'en bas». De cette formule qui depuis sa nomination a acquis une certaine renommée, il a fait une marque déposée. Qui fleure bon le terroir et dégage un parfum de populisme.

Mais le nouveau locataire de Matignon n'est qu'un plagiaire. C'est Honoré de Balzac qui, parmi les premiers, a imaginé cette «France d'en bas». L'ex-président de Poitou-Charentes ignore-t-il l'auteur tourangeau ? En 1837, le romancier raconte les tribulations, espérances et désillusions du jeune Lucien Rubempré. Poète en devenir, ce héros de la Comédie humaine erre dans les faubourgs d'Angoulême, capitale charentaise. Balzac écrit : «L'Houmeau devint donc une ville industrieuse et riche, une seconde Angoulême que jalousa la ville haute où restèrent le gouvernement, l'évêché, la justice, l'aristocratie. Ainsi, l'Houmeau, malgré son active et croissante puissance, ne fut qu'une annexe d'Angoulême. En haut, la noblesse et le pouvoir, en bas le commerce et l'argent ; deux zones sociales constamment ennemies en tous lieux ; ainsi est-il difficile de deviner qui des villes hait le plus sa rivale.» Sans doute le plagiaire n'ose révéler sa source par peur des railleries faciles. L'ouvrage ­ que Balzac qualifiait lui-même d'«oeuvre dans l'oe