Ce fut un joli tour de passe-passe. «Tel un magicien, il a sorti un lapin de son chapeau», résume un témoin. La petite chronique interne d'Attac retiendra que le 21 mai, devant le collège des fondateurs, Bernard Cassen, grand manitou de l'association de contestation de la mondialisation, née en 1998, a fait triple coup. Un : à la tribune, il a annoncé qu'il ne rempilerait pas à la présidence le 30 novembre. Deux : il a intronisé, au nom du Monde diplomatique, membre fondateur et dont il est le directeur général, son successeur, Jacques Nikonoff. Trois : il en a profité pour appeler au remplacement du secrétaire général, Pierre Tartakowsky, Michelle Dessenne, membre du cabinet de Guy Hascoët, ex-secrétaire d'Etat à l'Economie solidaire... Façon «grossière et brutale» de régler des comptes, raconte un participant : «Un speech au ton très roumain époque Ceausescu», «écrit en espagnol, on aurait dit du Castro», dit un autre.
L'intéressé balaie les accusations de «coup de force» ou d'accès d'autoritarisme. S'il ne se représente pas, c'est justement, a-t-il dit, parce que la tâche est «lourde, parfois écrasante» et «qu'elle ne peut être assurée trop longtemps par la même personne». «J'ai décidé de démissionner il y a déjà quelques mois, confie Cassen. Mais je ne voulais pas engager une longue campagne pour ma succession.» Reste que le poulain Nikonoff, économiste et énarque, qui vient de quitter la direction du PCF, fait grincer les dents de ceux qui ne voient en lui qu'un «apparat