Vauvert envoyé spécial
Ce matin-là, sur le marché de Vauvert, un militant âgé de la LCR discute avec deux vieux lepénistes. Le ton est courtois, l'accent méridional roule, parfois ponctué de rires. «Vous voyez, on a des points communs», martèlent les frontistes après avoir constaté leur accord sur «le financement de la vie publique, la morale politique et le besoin de proportionnelle». On se salue, et à la prochaine.
Bienvenue dans la deuxième circonscription du Gard où l'extrême droite pèse plus de 33 % et a de vraies chances de décrocher un siège de député le 16 juin. Sur ce vaste territoire qui s'étire de la petite Camargue, au bord de la mer, aux quartiers périphériques de Nîmes, en passant par une myriade de villages viticoles et des villes moyennes comme Beaucaire, tous les repères politiques semblent concassés. En réunion publique, un candidat divers droite, Jean-Marie André, lâche par exemple : «La différence entre Le Pen et moi, c'est que je ne suis pas fasciste. Eh, attention, moi j'ai visité des camps de concentration avec ma femme... Il y a quand même des cho ses qui ne passent pas.»
«Gosses de merde.» Sur fond de peur et de repli, de paisibles bourgades, comme Marguerittes, votent Le Pen à 40 %. «Ici, on peut dormir sur nos lauriers. Pas besoin de tenir de réunions publiques, ni de faire venir les ténors», dit Florence Berthezène, la candidate du FN. Sans permanence électorale, à la tête d'une poignée de militants, elle se contente de distribuer une mauvaise photoc