Il n'y a pas de banc à la sortie du lycée. Mais une petite marche, sur la gauche, qui prend parfois des allures de bureau politique. Ils sont une poignée de copains et copines, lycéens de Lamartine dans le IXe arrondissement de Paris, secondes et terminales brassées, pas de ségrégation, assis là. Au pied d'une batterie de panneaux électoraux : «Regardez, ils n'ont rien compris, autant à droite qu'à gauche. Il y a trop de candidats qui se présentent, mais aucun parti qui ne se distingue vraiment», s'agace Marie.
Ce petit groupe a démarré au quart de tour après le 21 avril. Hervé, en terminale littéraire, a tout de suite préparé des affiches, Asma, dans la même classe, s'y est mise. Les autres aussi. Refusant les slogans de la FIDL, l'organisation lycéenne. «Ils voulaient qu'on défile en disant "j'ai honte d'être français", mais nous, on n'a pas honte d'être français», souligne Asma. Pendant la manif, Hervé, pas chef de bande mais meneur, était remonté à bloc. Une volonté de tout changer, de faire de la politique quoi qu'il arrive, une certitude de se voir un destin national, un jour, «pour servir les autres», «pour rapprocher tout le monde».
Exigences. A quelques jours du premier tour des législatives, les désillusions sur le monde politique restent entières, l'énergie pour s'investir aussi. Depuis les manifs, Hervé a cherché à adhérer quelque part. Pas facile. Ce qui manque «aux hommes politiques, c'est du courage, du cran, savoir dire non, comme Ingrid Betancourt en Colombie»