Bordeaux envoyée spéciale
Ils découvrent le parcours du militant, la colle qui dégouline sur les coudes, les tracts à fourrer dans les mains des indifférents. Comme dit Clémence, 21 ans, «c'est prenant». Cette étudiante en histoire a poussé la porte du MJS (Mouvement des jeunes socialistes) après «le gros malaise du premier tour». Elle s'était mise à soupçonner tout le monde. Son boulanger, sa voisine... pouvaient avoir voté Le Pen, «le climat devenait horrible». Une copine l'a entraînée dans une première manif, encadrée par la LCR (Ligue communiste révolutionnaire). Au milieu des banderoles usées, des slogans éculés, la voix du MJS lui a plu.
«Fille de bobo». «Ils n'avaient pas l'air d'être des petits soldats du PS, j'ai pensé qu'ils m'aideraient à me mettre au clair. J'ai besoin de comprendre pourquoi les gens vont mal au point de vouloir Le Pen. 20 % des Français ont un vrai problème, j'ai envie de savoir pourquoi avant de les juger.» Besoin aussi d'assumer sa condition de «fille de bobo» (son père architecte et sa mère sociologue «ont eu tout juste au test du "Nouvel Obs"»), et de «sortir d'une société qui ne pense qu'à l'argent». «Les valeurs les plus précieuses ne sont pas cotées en Bourse.»
Mathieu Hazouard, responsable régional du MJS d'Aquitaine, est l'ancien du groupe à 28 ans. Il assure que les adhésions ont augmenté de 50 % depuis le 21 avril. Les nouveaux militants, en grande majorité des étudiantes, sont arrivés dans les permanences des candidats et au PS en disan