On pourrait appeler ça Règlement de comptes à Boboville. Au milieu de l'affiche, Georges Sarre, député sortant, solidement campé dans son XIe arrondissement de Paris, mais aussi porte-flingue traditionnel de Jean-Pierre Chevènement. En outsider, le Parti socialiste, qui a encaissé sans broncher le tir nourri du Pôle républicain pendant la campagne présidentielle et qui, après un temps d'hésitation, compte bien prendre sa revanche. En décor, le triangle Bastille-République-Belleville, autrefois populaire, aujourd'hui peuplé de jeunes ménages actifs, pour lesquels le concept de «bobos» (bourgeois-bohème) semble avoir été inventé. Un quartier d'électeurs facilement zappeurs, terrifiés par le résultat du 21 avril et qui pourraient bien se racheter en votant sans rechigner pour la candidate socialiste.
Fief. Il fut un temps où Georges Sarre, soutenu par le PS, était réélu avec des scores de maréchal : 62 % aux législatives de 1997, plus de 60 % aux municipales l'an dernier. Visage rond, mais regard pointu et lèvres fines, ton gouailleur et grave à la fois comme son mentor Chevènement, il s'est taillé un fief dans cette 6e circonscription de Paris, la plus à gauche de la capitale. Seul député parisien de gauche en 1993, maire d'arrondissement depuis 1995, il sait choyer les commerçants, cajole les personnes âgées, distribue les places en crèche et les logements de la ville. De la population d'artistes qui a investi le quartier, il dit, avec une moue : «Ils ont toujours quelque chos