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Libération

Au Val-Fourré, la fixation de l'étranger

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L'insécurité reste au coeur de la campagne électorale à Mantes-la-Jolie.
publié le 1er juin 2002 à 23h47

A Mantes-la-Jolie, le boulevard du Maréchal-Juin relie le centre-ville et ses allées arborées aux tours bétonnées du Val-Fourré. A mi-chemin se dresse la friche André-Malraux : un hangar en pleine rénovation donne sur les bureaux du Collectif 12 qui réunit plasticiens et metteurs en scène. Depuis quatre années, de spectacles en expositions, on tente ici de tisser des liens et de mettre à profit cette «zone tampon». Une tâche difficile tant le fossé semble creusé entre ces deux pôles de la ville, aggravé par l'obsession sécuritaire et le score de Le Pen proche des 20 %. «Le choc des résultats n'en a pas été vraiment un pour nous, explique Catherine Boskowitz, metteur en scène. A Mantes, l'abstention et l'extrémisme sont omniprésents.» Surtout, l'étranger est ici une fixation : «Chaque fois que nous jouons dehors, des volets claquent et des chiens aboient, remarque Philippe Chateau, également membre du Collectif 12. En fait, c'est tout ce qui pourrait déranger le quotidien qui fait peur, pas seulement l'étranger ou une couleur de peau. La présence de Le Pen au second tour a surtout légitimé les idées extrémistes. Certains ne se cachent plus pour dire qu'ils en ont marre des Arabes.»

«Après le sursaut, l'inertie». Le collectif multiplie les échanges avec des artistes du Proche-Orient ou du Maghreb, organise des ateliers avec des femmes du Val-Fourré, ou produit des spectacles sur la dalle centrale du quartier comme devant l'église du centre-ville : «Aucune caméra ne peut saisir