Le supporteur français en Corée du Sud se reconnaît à son poil bleu. Il est debout sur les pattes arrière, malgré les treize heures d'avion, et crie : «Vive la France». Malgré tout, ces Français ne forment pas un groupe pastoral. On en rencontre de toutes sortes. Certains, et pas les moindres, sont sous l'autorité bavarde de Francis Lalanne. Le chanteur a réussi un tour de force, puisqu'il a marié quelques terribles Winners marseillais aux redoutables Boulogne's Boys du PSG.
Mettez un Parisien et un Marseillais dans une cage ; ils en sortent d'ordinaire tout édentés et couverts de gnons : «On cherche toute l'année à se foutre sur la gueule, reconnaît un Marseillais de forte constitution, qui demande expressément l'anonymat. Quand Francis nous a proposé de nous unir au sein de l'association l'Arche de Noé pour encourager les Bleus, on a dit oui. Les clubs ont payé une partie de nos billets d'avion et la FFF [Fédération française de football, ndlr] nous a offert les billets.» Le Parisien des Boulogne's Boys trouve, lui, qu'être logé à 300 kilomètres de Séoul est quand même un sacré inconvénient : «Trois jours qu'on fait la navette, douze heures de bus. J'en peux plus.»
Jacky et l'autocar. Il n'y a pas que des supporteurs autoroutiers dans la sympathique ménagerie de monsieur Lalanne. Prenons le cas de Jacky, la soixantaine, restaurateur lyonnais, «Chez Jacky, cuisine traditionnelle». Lui aussi est prisonnier depuis trois jours de l'autocar. Pourtant, monsieur Ja