Bessan (Hérault)
envoyée spéciale
Accoudé au bar du café de la Promenade, sur la place de la mairie de Bessan, Alain Prat, candidat du Parti radical de gauche (PRG) dans la septième circonscription de l'Hérault, traîne l'oreille. Découragé. Il vient de faire le marché de ce gros bourg viticole de l'Hérault où Le Pen a ramassé 799 voix sur 2 183 au premier tour de la présidentielle (Libération du 2 mai), et davantage encore le 5 mai (38,42 % des suffrages). «C'est difficile d'aller au fond des choses. On a énormément de mal à engager des discussions. Les gens sont sur la réserve», regrette-t-il.
Soucis. La veille à 18 heures, Jean-Claude Martinez, candidat du Front national, a tenu une réunion publique à la salle des fêtes, juste en face du café. Quelques Bessanais s'étaient postés en observateurs à la terrasse «pour voir qui irait» et «mettre un visage sur ce vote anonyme». Pendant plus de deux heures, Martinez, professeur de finances publiques à la faculté de Montpellier et député européen, a balayé les soucis. Il a parlé de «mettre des droits de douane comme des écluses sur le canal du Midi pour protéger le rosé de Bessan des projets de l'Europe qui veut basculer le vignoble sur l'hémisphère sud pour loger à la place des 300 000 hectares de vigne les vieux d'Europe du Nord», de «l'immigration qui ne se résoudra pas avec des balles en caoutchouc». Les Bessanais n'étaient finalement qu'une poignée. «On a fait un acte spécial ce soir. Ici, les gens ne parlent pas. Ils ne vont pa