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Libération

«J'ai adhéré au FN par vengeance»

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Ludovic, 21 ans, a été licencié après avoir été vu avec des frontistes.
publié le 6 juin 2002 à 23h50

Rencontre au Paquebot, siège du Front national. Il s'y montre beaucoup. Ludovic a 21 ans, le regard fuyant, les épaules un peu voûtées, et pas de boulot. Il a adhéré après le premier tour. Il n'avait même pas voté, «ça ne m'intéressait pas». Il a derrière lui presque deux froides années d'armée sur le plateau de Langres, dans la Haute-Marne ; il s'était engagé à 19 ans mais s'était trompé d'issue de secours. Il a ensuite trouvé du travail comme agent de service dans une société d'entretien. Le lundi 22 avril, au matin, lorsqu'il arrive au boulot, on lui annonce que son contrat est rompu à la fin du mois. Motif : vu à la télé dans les locaux du Front national. «Alors moi j'ai adhéré, par vengeance contre mon ancien employeur. Je l'ai fait sur un coup de tête. Je participe le plus possible aux meetings, j'essaie de me montrer quand la télé vient ici, je veux être mis en évidence, je veux me venger de mon ancienne société. C'est un changement de ma personnalité, je participe à plein de choses, je me sens plus intéressé, plus intégré. Ici, ils m'ont accueilli avec le sourire», raconte-t-il, assis dans le bureau vide. Le responsable des jeunes FN a laissé le sien. Il est très efficace pour qui veut voir le visage des nouvelles recrues.

Ludovic a passé la soirée du 21 avril avec des copains d'enfance, connus au lycée ou au club de rugby. Certains avaient depuis rejoint le Front national, ils l'ont entraîné au Paquebot pour voir l'ambiance. «Ils ont été drôlement surpris qu'un garço