A peine quelques tracts chiffonnés par terre. Et il faut remonter trois fois les allées avant de distinguer la physionomie type du militant tracteur, main tendue, sac à dos et sourire engageant. Ngassa, la marchande de savons, se désole : «Ce n'est pas comme ça qu'on fait la guerre.» Ce matin, à trois jours du scrutin, elle a vu passer deux candidats, «un Vert et un autre», sur le marché Richard-Lenoir (XIe arrondissement de Paris), alors qu'ils sont près d'une vingtaine sur les panneaux électoraux de la 7e circonscription. «C'est comme s'il ne s'était rien passé. Les gens se sont réveillés pour Le Pen, puis ils sont retombés dans le sommeil.» «C'est mou», confirme Michel, oeufs et volailles. «Depuis le début, c'est comme ça, observe un vendeur de jeans, même dimanche, je n'ai pas vu grand monde.» Un peu plus loin, Sélim empile ses cageots de légumes à toute allure, s'excuse et lance l'explication : «Match !»
Pressé. Même Georges Sarre, chevènementiste sortant de la circonscription contiguë (la 6e) et maire du XIe arrondissement, a l'air pressé d'en finir. Un petit tour à la frontière du marché, «limite de chez [lui]», et il s'en va, laissant sa suppléante plier les affiches «Nous avons un bon député, gardons-le.» Vingt et un ans qu'il arpente ce pavé, il constate que, cette fois, «les gens sont loin de la campagne électorale». Un militant du Pôle républicain a beau avancer qu'«il y a eu un traumatisme de la présidentielle, les gens sont sonnés et encore plus saturés que d'ha