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Un classeur pour la France.

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Dès août 2001, Jospin nourrit de ses réflexions un grand classeur noir. Sourd aux stratégies élaborées par ses proches, il s'isole, obsédé par son duel avec l'«autre».
publié le 24 juin 2002 à 0h03

Retour cette semaine sur la campagne présidentielle de Lionel Jospin, ou comment une odyssée qui s'annonçait triomphale a viré à la débâcle. Une quête élyséenne à laquelle le Premier ministre se préparait psychologiquement depuis l'été précédent. Ses proches l'alimentaient en notes. Lionel Jospin les archivait. Avec méthode. Seul. En prévision du face-à-face final.

C'était, disent-ils, une belle journée d'été. Ils ont embarqué, avec quelques proches, sur le bateau de Jean-François Fountaine, un constructeur de bateaux de La Rochelle, devenu ami des Jospin. Ils ont quitté l'île de Ré le soir, pour profiter des vents. Arrivés peu après l'aube à l'île d'Yeu, ils se sont promenés, saluant des passants étonnés de voir un Premier ministre escorté d'un seul garde du corps. Lionel, comme toujours, est très attentionné avec Sylviane. Puis tout le monde s'est retrouvé pour déjeuner, en terrasse, devant le port, avec le journaliste Alain Duhamel, en villégiature sur l'île. Un ami de longue date de Jospin. Depuis plusieurs années traîne entre les deux hommes le vague projet d'un livre d'entretien. Ce jour-là, Jospin glisse au journaliste : «Je prends des notes, sur différents sujets. J'ai un classeur, avec des anneaux, comme ça, je peux regrouper mes notes par thèmes.»

Appliqué mais hésitant. Août 2001. Ars-en-Ré. Lionel Jospin passe trois semaines de vacances dans la petite maison qu'il a achetée l'automne précédent. Le dernier répit avant la grande bataille. Avant de partir, il a confié