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Libération
Portrait

Et voilà le travail

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François Fillon, 48 ans, ministre des Affaires sociales de Raffarin. A longtemps joué les trublions dans les rangs chiraquiens.
publié le 26 juin 2002 à 0h05

Il a le même âge que Sarkozy. On ne dirait pas. François Fillon n'a pas encore l'air d'un revenant en politique. Il a su préserver son teint des ultraviolets médiatiques, et préféré l'ombre des tuteurs en politique. Il a longtemps respecté ce rudiment de bonne éducation qui enseigne de ne pas l'ouvrir à la moindre occasion, et arbore un sourire qui ne dévoile pas la taille de ses dents. Vingt ans qu'il côtoie les travées nationales, et pas une ride. Même Bernadette Chirac, garde-chiourme rancunière, a semblé traiter son égarement balladurien comme une erreur de jeunesse : «Et où étiez-vous en 1995 ?», lui a-t-elle demandé en souriant. C'était à l'heure du dîner lors d'un voyage officiel au Japon, Chirac était enfin devenu Président, Fillon était ministre délégué à la Poste, aux Télécommunications et à l'Espace. Ce jour-là, le chef de l'Etat s'était emmêlé les pinceaux pour le présenter, et l'impératrice du Japon, jamais rencontrée, s'était dit charmée de le revoir. Elle l'avait pris pour Douste-Blazy, comme bien d'autres vieilles dames, entichées de Lourdes, en France. La mèche brune probablement... La sienne est pourtant sage et sans manières.

Bref, si la politique et son gouvernement se racontaient comme la lessive, l'on dirait : à droite Sarkozy, le dur, résistant à haute température, mais plus d'une blancheur virginale, transparent jusqu'à la trame de ses ambitions. A sa gauche François Fillon, le modéré, élu député de la Sarthe à 27 ans en 1981, et malgré tout des airs d