Résumé des épisodes précédents : sondages au beau fixe, omniprésence médiatique, Jospin est entré en campagne tambour battant. Passant outre les mises en garde de certains de ses proches, il n'a eu de cesse qu'il n'ait cogné sur Chirac. Jusqu'à donner l'uppercut de trop en jugeant son adversaire «usé», «vieilli» et «fatigué». Pour Jospin, le mois de février fut radieux. Mars s'annonce glacial.
Ils sont tous là. Sauf lui. Ce lundi 11 mars, à 9 heures, tous les poids lourds socialistes se retrouvent au siège du PS pour mettre la dernière main au projet. Dans la salle Marie-Thérèse-Eyquem, où se réunit d'ordinaire le bureau national du parti, siègent les piliers de la campagne Pierre Moscovici, Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, François Hollande, Jean Glavany et Jean-Marc Ayrault , mais aussi quelques ministres enfin associés aux travaux : Jack Lang, Hubert Védrine, Ségolène Royal, Jean-Luc Mélenchon, Alain Richard. En bout de table, Gilles Finchelstein joue le rôle du scribe. Chacun sort une version du projet que Moscovici leur a fait parvenir la veille. Physiquement présent, Lionel Jospin, lui, est ailleurs. Encore sous le coup de son crash en plein ciel.
La veille, dans l'après-midi, dès que la dépêche de l'Agence France-Presse rapportant ses propos sur un Chirac «usé, vieilli, fatigué» est tombée, il a décroché son téléphone pour mesurer l'ampleur des dégâts. Après quelques banalités servant de prétexte à l'appel, Jean Glavany et Jean-Christophe Cambadélis ont eu droi