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Libération

«Un léger mépris et trop de détachement»

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La défaite de Barre en 1988 analysée par Jospin. Prémonitoire.
par
publié le 27 juin 2002 à 0h05

En 1991, Lionel Jospin publie «l'Invention du possible» (1). Dans un chapitre intitulé «Raymond Barre ou l'occasion manquée», il analyse sa défaite à la présidentielle de 1988. Si l'on remplace le nom de Barre par le sien, on constate qu'avec onze ans d'avance Jospin décrypte son propre échec.

Raymond Barre «avait un excellent profil de candidat à la présidence. (...) Pourquoi tout cela n'a pas abouti ? (...) Il était un très bon candidat de second tour, mais un mauvais candidat de premier tour. Il était bon au second tour parce qu'il avait le profil d'un rassembleur, moins bon au premier parce qu'il était mal armé pour les batailles partisanes. (...) Le propre d'un bon candidat à l'élection présidentielle, c'est de savoir réunir et doser des exigences contradictoires : mobiliser ses partisans sans décourager par avance les hésitants, voire les adversaires, qu'il devra ensuite rallier. C'est pourquoi il faut distinguer premier et second tour, mais non les opposer.

L'explication de l'échec (...) réside, à mon sens, dans un mélange de données politiques et psychologiques (...). Une première cause en est Raymond Barre lui-même. (...) L'ancien Premier ministre a surestimé la position qui était la sienne, cédant à une certaine griserie que ses premiers succès ­ dans les prestations télévisées ou dans les sondages ­ lui avaient procurée. Il a sous-estimé Jacques Chirac (...). Le vrai professionnel de la politique, même orgueilleux, est humble ou à tout le moins prudent dans ses prop