Homo «outé», séropo tout juste revendiqué et élu RPR en fréquentes bisbilles avec un parti crispé sur son conservatisme en matière de moeurs. Voilà la vie bizarre et violente, triste et pleine d'espoir de Jean-Luc Romero. Il a 43 ans, est adhérent chiraquien depuis vingt-cinq ans, exerce des mandats locaux depuis qua torze ans (actuel conseiller régional d'Ile-de-France) et préside des associations à faire hurler la droite réac (Elus locaux contre le sida et On est là, qui veut dépénaliser les drogues). Sinon, il est attiré par les garçons «depuis toujours», se sait séropositif depuis ses 28 ans, vénère Sheila devenue une copine, a pour livre de chevet les Mémoires d'Hadrien de Yourcenar, et préfère les désirs solaires d'Almodovar aux sombres tourments de Chéreau ou de Fassbinder. Il aurait pu continuer ainsi à s'amouracher en midinette et à aimer en toute sentimentalité, à pleurer les copains et à espérer dans les trithérapies, à se soigner et à y croire, à taire ses préférences privées et à mener des combats publics propres à désarçonner son camp.
Mais il y a eu télescopage. C'étaient les municipales à Paris. Romero se serait bien vu en «pédé de service» de Séguin en échange d'une position éligible qui ne vint jamais. Il s'agissait de donner des gages à une communauté perturbée par le combat anti-Pacs de la droite. Par zèle militant ou par négligence malveillante, un magazine gay confidentiel révéla l'homosexualité de Romero. Qui, au lieu de courber l'échine, bomba le torse