«Traître», «vendue», «récompensée». La nomination de Noëlle Lenoir comme ministre déléguée aux Affaires européennes du gouvernement Raffarin II avait déclenché une belle polémique. Sur sa personne et sur les conditions de sa promotion. La gauche avait accusé l'ancienne membre du Conseil constitutionnel d'avoir «trahi» les siens. Et de ne devoir sa désignation comme ministre qu'à un «service rendu» à Chirac lui-même : l'obtention de son immunité. En plein débat sur une éventuelle amnistie des délits politico-financiers, le cas Lenoir nourrit le soupçon. Mais l'histoire de sa nomination est plus subtile, qui mêle ambition et calcul politique.
Nommée en 1992 par Henri Emmanuelli au Conseil constitutionnel, Noëlle Lenoir rapporte, le 22 janvier 1999, un texte sur la Cour pénale internationale. Les sages, alors présidés par Roland Dumas, en profi tent pour livrer une nouvelle interprétation de l'article 68 de la Constitution. En substance, ils affirment que, durant son mandat, le chef de l'Etat n'a de comptes à rendre que devant la Haute Cour. En devenant ministre, Noëlle Lenoir aurait été remerciée de son action. Apparemment imperméable à cette «bronca», l'intéressée, 54 ans, avait choisi de ne pas répondre. Laissant faire son ministre de tutelle Dominique de Villepin, qui a dénoncé «la basse critique». Elle préfère le mépris à l'affrontement. Et précise juste à Libération qu'elle «n'est pas en déphasage avec les choix du gouvernement».
Lubie. «Elle est alternativement de droite e