Manouches, prostituées, drogués et même parents indignes. Entrant dans le vif de la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi) débattue à l'Assemblée, les députés se sont expliqués hier sur ces «nouvelles catégories de la population [qui] ont basculé dans la délinquance», selon le texte de Nicolas Sarkozy. Les socialistes, bien embêtés de devoir contester frontalement un projet de loi qui reprend, disent-ils eux-mêmes, plusieurs de leurs orientations en matière de lutte contre l'insécurité, ont trouvé là matière à s'opposer. Après bien des conciliabules, le groupe PS avait mis au point la tactique : oui à l'article 2 de la loi d'orientation, qui affecte d'importants moyens financiers à la police et à la gendarmerie (6 milliards d'euros sur cinq ans), non au reste, en particulier l'article 1 qui définit l'orientation du gouvernement sur la sécurité.
Ratisser. Cet article ratisse très large : il renvoie en fait à une annexe fourre-tout, catalogue de tous les délits et incivilités. Outre les désormais célèbres «zones de non-droit», il y est question, pêle-mêle, de la «mendicité agressive», des «regroupements dans les parties communes des immeubles», de «l'envahissement des gens du voyage», de «l'absentéisme scolaire aggravé», de l'impunité des fumeurs de joints bénéficiant de «l'abandon d'une politique dynamique de lutte contre l'usage de certaines drogues». A droite, ce catalogue ne provoque pas d'états d'âme, plutôt une surenchère. Patrice Martin